Bonjour à toutes et tous, je m'appelle Manon, j'ai 20 ans et j'aimerais partager mon histoire. J'ai été victime de harcèlement moral de ma 6ème à ma 3ème, j'étais durant ces 4 ans toujours dans la même classe, avec les mêmes personnes. L'année de 6ème c'est la première fois où je me suis sentie différente et jugée sur mon physique de part mon style vestimentaire et mon acné mais aussi sur ma façon d'être : je n'avais pas les mêmes centres d'intérêts que les autres, j'étais seule, je ne savais pas m'affirmer ni même bien m'exprimer. Je ne considérais pas à cette époque que c'était du harcèlement parce qu'il n'y avait aucune forme de violence physique, mais la violence morale était présente et ça je m'en suis rendue compte bien plus tard. C'était un groupe de garçons "les populaires" du collège, ils étaient tous les jours sur mon dos, à me faire des réflexions et se moquer de qui j'étais, c'était "la kassos" "l'invisible" "la calculatrice". Je me souviens aussi que pendant les récrées ils venaient s’asseoir sur moi pour m'embêter, à cette époque je n'osais pas les repousser, j'étais figée, c'était très désagréable, je n'avais pas envie de ça. Avec du recul je trouve cette situation vraiment malsaine, des garçons qui venaient toujours s’asseoir sur une fille pendant les récréations, vous voyez l'ambiance.. Un jour il y avait même un vote qui a eu lieu "Qui vote pour que Manon quitte la classe ?" "Dans tout les cas c'est un fantôme ça changera rien", "moi je parle pas avec elle j'ai quand même un peu d'honneur". Ils faisaient aussi des listes, j'étais bien-sûr considérée comme "la plus moche de la classe". Sur la conversation de groupe j'étais renommée "le fantôme", quand j'envoyais un message c'était "C'est qui qui parle là?" "Une inconnue" et à contrario sous mes photos c'était des moqueries sur mon physique, du foutage de gueule, des conversations interminables entre eux sous mes photos. Milieu 5ème j'ai trouvé un groupe d'amies, le moral était plus présent mais ils continuaient toujours et aucune de mes amies ne s'en rendait compte, elles étaient aussi victimes de moqueries mais derrière leur dos, elles rigolaient, nerveusement surement, mais moi j'étais toujours la cible principale. Je passais mes récréations enfermée dans les toilettes, je pleurais tous les soirs, j'étais constamment triste, ma mère avait beaucoup de mal à calmer mes crises de larmes. Je faisais toujours semblant d'être malade pour ne pas aller en cours, j'ai même été à l'hôpital alors que je n'avais rien physiquement mais l'endroit me plaisait plus que le collège. Alors je me suis toujours demandé : Pourquoi moi ? Qu'est-ce que j'avais de si spécial pour qu'ils s'intéressent autant à moi ? Tout les jours, sans répit, ils étaient sur mon dos. Quand je suis partie du collège j'étais une nouvelle personne, le lycée a été pour moi très libérateur, j'ai pu me faire d'autres ami.es et surtout j'ai pu apprendre à m'affirmer et à retrouver confiance en moi, une confiance que j'avais totalement perdue. Leur spécialité aussi c'était les prank téléphoniques pour se foutre de ma gueule, en groupe toujours, le dernier c'était en 2020, 4 ans après la fin du collège, je me suis toujours dit : Ils pensaient encore à moi ? Ils avaient toujours mon numéro ? Le pire là dedans c'est qu'ils avaient 19 ans et j'observais aucune évolution, le prank c'était : "Est-ce que tu veux faire des trucs sexuels avec moi?". Les propos sexistes et pervers étaient souvent présents comme ça, même au collège, à l'époque c'était censé être drôle, maintenant ça ne passe plus du tout. J'ai aujourd'hui beaucoup de "trous noirs", peut être parce que beaucoup de paroles ou d'événements se sont enfouis dans mon inconscient ou peut être parce que c'est une période de ma vie dont je n'ai pas envie d'y penser, j'avais perdue toute confiance en moi et envie de continuer. Mais d'un autre je suis très reconnaissance de cette période, parce que grâce à elles j'ai su forger mon caractère, mes goûts, mes opinions, mon physique aussi, je suis très fière de qui je suis devenue et de la manière dont je m'en suis sortie. J'ai souvent penser à prendre ma revanche, mais je pense que la vie s'en occupera. Grâce à cette expérience, je me suis aussi rendue compte que j'avais des choses à dire, et que j'ai envie d'aider le maximum d'ados qui rencontre le harcèlement scolaire. Je ne sais pas encore quand ni comment mais mon but serait d'apporter mon aide à ces personnes (comme le fait magnifiquement bien cette plateforme). Je m'excuse pour la longueur de ce témoignage, mais écrire c'est très important, poser les mots et se libérer. A toutes et tous vous êtes fort.es, beaux/belles et vous irez très loin, ne laissez personne vous barrez la route.