Bonjour, c’est avec timidité que je m’apprête à vous raconter mon histoire, tout simplement parce que c’est la première fois que je me livre sur ce qui m’est arrivée, il y a de ça 5 ans. Si j’ai décidé d’en parler, c’est que ça me pèse très fortement, et que je me dis qu’écrire mon histoire tout en restant anonyme pourrait m’aider à me confier voire à me libérer.
Un petit peu de contexte pour mieux comprendre : j’ai été harcelée psychologiquement au collège et au lycée (c’était le collège et le lycée de secteur, donc je me suis retrouvée avec les mêmes personnes durant toute ma scolarité). Je me prenais des insultes ou des remarques sur mon physique tous les jours. Je n’avais pas du tout confiance en moi, mais à force je m’y étais habituée. Sauf qu’avec le temps, les mots sont devenus plus forts, par exemple, les mecs ne voulaient pas me regarder par peur de, je cite, « d’être choqué » ou de « vomir ».
En plus à la maison, je n’avais pas non plus le meilleur soutien du monde, puisque ma mère était très absente et mon père me parlait que de l’école. L’adolescence, les copains, le corps qui change, le harcèlement, la confiance en soi etc n’existait pas pour lui, donc je me suis vite retrouvée à donner raison à mes harceleurs. Ah oui et petit détail « amusant », parmi ces harceleurs, se trouvait mon frère. C’était même lui qui avait trouvé mon surnom : « le film d’horreur ». C’était un mouton qui avait peur de se faire harceler, donc il m’en envoyait plein la figure.
Bref, confiance et estime de soi : 0. Je me disais qu’ils avaient raison : j’étais moche, débile, et que jamais personne ne voudrait de moi. Et mon erreur est là : leur donner raison en pensant que jamais quelqu’un me trouverait attirante parce que j’étais laide.
Donc forcément, à 17 ans, comme je me détestais, que j’étais toujours vierge et qu’en plus tout le monde mettait la pression au lycée sur ça, j’avais honte. Et je me suis dit que si y a un garçon qui voulait le faire avec moi, ça serait un miracle. Si seulement vous saviez à quel point je me déteste pour avoir pensé ça. Je me sens tellement bête, et je m’en veux terriblement, je ne sais pas si un jour j’arriverai à me pardonner cela.
Peu de temps avant l’été, j’avais rencontré un mec de mon village, qui avait 17 ans aussi, et qui, pour son jeune âge, était quand même sacrément manipulateur et menteur. Il a tout de suite compris à quel point j’étais vulnérable. Donc un jour, il me demande de le faire avec lui, et je lui dis non. Et puis il insiste, et il me dit que tout le monde le fait et que c’est la honte d’être vierge etc. Il insiste pendant des jours et des jours. Je finis par céder. Le jour J, je lui dis que j’ai vraiment trop peur et il me répond que je ne peux pas faire marche arrière, puisque j’avais déjà dit oui. On va chez lui, l’atmosphère est très malsaine, il me donne une bouteille d’alcool à boire pour que « je me détente ». Je mets énormément de temps à me déshabiller, on le fait un peu, j’ai extrêmement mal, je saigne beaucoup. Quand il voit le sang il arrête, il m’engueule, et on sort de chez lui.
A ce moment-là, je savais que quelque chose d’irréversible venait de se produire, mais je ne savais pas quoi. Mais ce n’était pas fini.
Avec tous ses potes, ils venaient devant chez moi, restaient planter là durant des heures, à mettre en boucle « Tchoin » de Kaaris, et à gueuler tous en cœur cette fameuse phrase « Qu’une chose à dire je dis pte ». J’étais devenue la pte du village. Et les humiliations s’enchaînaient. Une fois, il m’invite à une soirée chez lui, en disant à tout le monde, avant que je vienne, que j’étais une traînée et que tous les mecs pouvaient me passer dessus. Je me suis sentie salie. Une autre fois, il m’appelle pour me dire qu’il veut s’excuser mais qu’il veut le faire en face à face. Comme une débile je vais à sa rencontre, et là je tombe sur lui et 2 de ses potes. Un de ses potes me dit « je suis gay et avec mon copain on aimerait que tu nous donnes des conseils puisque t’aimes bien te faire enc…. ».
Ce qui m’a sauvée c’est le fait que je partais faire une année sabbatique en Angleterre à la rentrée. Sans ça, je ne sais pas si je serais encore là.
Aujourd’hui j’ai 22, bientôt 23 ans, et j’ai encore des traumatismes de cette première fois. Si je n’avais qu’un seul message à faire passer (désolée que ce fut si long) c’est que vous n’êtes pas moins important que les autres, et que vous devez vous préservez !!!! Si vous êtes vierge et que vous n’avez pas envie de le faire, ne le faites pas, si vous avez envie mais que la personne ne vous convient pas, attendez la bonne. Cela peut paraître évident pour certains, mais pour moi à l’époque ça ne l’était pas du tout. Merci d’avoir lu, et acceptez vous comme vous êtes <3