Bonjour Jérémy,
Je vous remercie de nous offrir la possibilité de nous exprimer librement sur votre site internet.
J’ai 28 ans et j'occupe le poste d'adjointe de direction dans un établissement hôtelier. Depuis plus d'un an, je subis un harcèlement incessant sur les réseaux sociaux de la part d'une ancienne stagiaire âgée de 17 ans, mentalement instable. Tout a commencé un soir lorsqu'elle m'a envoyé un message, ayant trouvé mon numéro de téléphone affiché à la réception de l’hôtel en tant que numéro d’astreinte. Ne souhaitant pas entrer en communication avec une stagiaire, j’ai ignoré ce premier message.
Cependant, lors d'une rencontre en face à face, j'ai vu cette jeune fille désorientée, me confier ses problèmes familiaux et ses questionnements sur son orientation sexuelle. Me reconnaissant en elle à son âge, j’ai partagé ma propre orientation sexuelle avec elle, ce qui a suscité chez elle une affection qui s’est rapidement transformée en obsession.
Elle a utilisé mon numéro pour accéder à mes profils sur divers réseaux sociaux, envahissant mon espace personnel. Au début, elle n’était pas malveillante, mais au fil du temps, son comportement est devenu de plus en plus inquiétant, révélant une instabilité profonde. Ma gentillesse s’est retournée contre moi, et ce qui était initialement une invasion de ma vie privée s'est transformé en harcèlement.
Elle a commencé à me déclarer son amour, un amour non justifié car elle ne me connaissait presque pas. Mon refus de ses avances a déclenché une vague de harcèlement incessant. Elle a créé de nombreux faux comptes pour me contacter, même après que je l’ai bloquée à plusieurs reprises. Elle est allée jusqu’à harceler ma famille et mes amis, trouvant même le numéro de téléphone de ma mère. Les menaces de révéler mon orientation sexuelle à ma famille ont ajouté une dimension particulièrement douloureuse à cette situation.
Je vivais dans la peur et l'angoisse, ne dormant plus, ne mangeant plus, et devenant aigrie envers mon entourage. Cette situation a complètement envahi ma vie. Elle a même poussé ses camarades de lycée à me harceler sur les réseaux sociaux, (ce jour là j’ai dû recevoir plus d’une centaine de demandes d’amis sur Snapchat) m’obligeant à fermer mes comptes pour échapper à cette persécution.
J’ai finalement décidé de porter plainte, mais même après plusieurs avertissements de la police, la stagiaire continuait ses agissements, se moquant de l’autorité. Elle est allée jusqu’à jeter des pierres sur ma porte (je ne sais pas comment elle a trouvé mon adresse postale ) et à venir m'espionner à mon lieu de travail. Malgré les interventions de la police, elle a persisté dans son harcèlement.
Elle a même inventé de fausses histoires à la police, prétendant que je lui avais envoyé des photos de moi, nue. Elle a en effet crée un faux compre Instagram portant mon nom. Cela c’est évidement avéré faux et le policier m’a confié qu’elle avait un comportement de sociopathe. La situation a duré un an, et même après un premier avertissement de la justice, elle a continué à m'envoyer des messages menaçants. Elle a harcelé une collègue de l'hôtel où je travaille, envoyant des e-mails toute la journée. Je recevais une centaine de messages par jour. Elle a été déscolarisée par la suite et passait donc tout son temps libre à créer des comptes.
Aujourd'hui, 30 mai 2024, elle est passée devant un tribunal pour enfants. Je n'ai pas souhaité m’y rendre, mais j’attends avec impatience le verdict. Cette épreuve a été inimaginable et affreuse. Je comprends désormais les souffrances des victimes de harcèlement et je les soutiens de tout mon cœur. J’ai même pensé à mettre fin à mes jours, tant la situation était insoutenable.
Lorsque je partais en vacances, je laissais mon téléphone à la maison pour éviter que le harcèlement ne gâche mes journées. Je rentrais de la plage le soir avec une boule au ventre à l'idée de consulter mon téléphone, sachant pertinemment que je trouverais de nombreux messages.
Je veux dire à toutes les victimes de harcèlement que je les comprends et les soutiens. Personne ne mérite de vivre ce que j’ai vécu. Heureusement, grâce à l’intervention de la justice, la situation s'est légèrement améliorée et je ne suis pas la plus à plaindre, même si je reçois encore quelques messages. Mon témoignage n’a d’autre but que de partager mon expérience et d’exprimer ma solidarité avec les autres victimes de harcèlement.